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天真正伝香取神道流

TENSHINSHŌ-DEN KATORI SHINTŌ RYŪ



La tradition martiale

Sanctuaire Shintō de Katori Jingū (香取神宮)

Le Tenshinshō-den Katori Shintō Ryū est considéré par le gouvernement japonais comme la plus distinguée des traditions martiales japonaises non seulement parce que c'est une des plus anciennes répertoriées (l'école fut fondée aux alentours de 1447) mais également parce que ce ryū (tradition) est à la source de nombreuses autres écoles qui ont évolué par la suite (à titre d'exemple, on ne citera que le Kashima Shintō Ryū, le Shindō Isshin Ryū et le Shinkage Ryū du célèbre samouraï Kamiizumi Ise-no-Kami Nobutsuna).

L'école inclut dans son programme, le iai-jutsu (dégaîner le sabre), le kenjutsu (escrime), le bōjutsu (bâton), le naginata-jutsu (fauchard), le jūjutsu (techniques à mains nues), le shuriken-jutsu (lancer de projectiles), le ninjutsu (espionnage), le sōjutsu (lance), le senjutsu (tactique) et le chikujō-jutsu (fortifications).

Elle intègre également un grand nombre d'autres domaines, la majeure partie étant transmise oralement, et contient des études stratégiques ou ésotériques notamment sur le yin (jp. In) et le yang (jp.Yo) de la philosophie chinoise, faisant de l'étude de cette tradition l'entreprise de toute une vie pour celui que veut s'en donner la peine (cf. note 1).

L'école n'utilise pas le système moderne de grades (kyu/dan symbolisé par des ceintures de couleur) mais le système ancestral de parchemins que sont les mokuroku, menkyo et gokui. Ces parchemins manuscrits enroulés (de 5 mètres pour le plus petit) sont délivrés individuellement en fonction de l'avancement du candidat.

Au Japon, même aujourd'hui, le ryū conserve sa tradition d'engagement solennel au travers du keppan (cf. note 2). Ce rite est un serment écrit et signé de son propre sang, de respecter les règles du ryū (cf. note 3). De cette façon, le Tenshinshō-den Katori Shintō Ryū a pu maintenir l'originalité de ses enseignements, tant dans l'esprit que dans la forme, comme le désirait le fondateur, Maître Iizasa Chōisai Ienao (飯篠 長威斉 家直, 1387-1488, Iga-no-Kami de son nom posthume bouddhiste).

Au niveau philosophique, bien qu'un temps Maître d'armes du Shogun Ashikaga Yoshimasa (1449-1474), le fondateur, bouddhiste de l’école Shingon (cf. note 4), a été marqué par la cruelle stupidité de la guerre. Une des citations de l'école est : "L'art de la guerre est l'art de la paix. Il faut triompher sans combattre." (cf. note 5)

De là découle naturellement une graduation des victoires: la pire consiste à tuer son ennemi, moins pire est la victoire obtenue en blessant ou incapacitant son ennemi et la meilleure, celle qui aura dissuadé l'ennemi de s'affronter à nous.

Afin d'éviter que ses successeurs ne tombent dans le piège d'une subordination à un pouvoir quelconque, le fondateur interdit à ses descendants de se mettre au service d'une autorité quelle que fut la contrepartie proposée, car cela signifierait d'avoir à utiliser son sabre pour commettre des crimes afin de respecter son allégeance.

La fondation de la tradition Katori Shintō Ryū repose sur une révélation, celle de Futsu-Nushi-no-Kami (経津主神), reçue par le fondateur lors d’une ascèse de mille jours (sen nichi gyō misogi) dans le sanctuaire du Katori Jingū, d’où le nom de l’école qui se veut d’inspiration divine (cf. note 6). Quant à la divinité guerrière Marishiten (摩利支天), très en vogue durant cette époque troublée, elle fut intégrée à cette tradition martiale qui détient par ailleurs un norito (prière) spécifique (cf. note 7).

Pour de plus amples informations vous pouvez visiter la version anglaise du site offciel de cette tradition martiale ou vous procurer l'ouvrage (également en anglais) de feu Maître Ōtake Risuke (大竹利典, 1926-2021), "Strategy and the Art of Peace" aux éditions NIPPON BUDOKAN (ISBN 978-4-583-10984-8).

Le Sōke Iizasa Yasusada et Olivier Kabèche lors du Shinkōsai 2002
(cf. note 8)


France Shibu

L'école, auréolée de mystère, a depuis toujours suscité l'intérêt dans le milieu des arts martiaux traditionnels. Son ouverture à l'Occident en 1998 (cf. note 9) a accéléré les choses et malheureusement, un certain nombre de personnes enseignent et utilisent le nom de l'école sans autorisation.

Une licence Kyōshi (enseignement) ou Shidōsha (instructeur) ne donne plus la permission d'enseigner. Depuis 2019, personne n'est autorisé à représenter de quelque manière que ce soit ou à enseigner les techniques de cette école sans une licence Shibuchō (responsable de branche) délivrée par l'actuel Sōke (héritier de la tradition) Iizasa Shūri-no-Suke Yasusada (飯篠修理亮快貞).

Depuis septembre 2017, le Shihan (grand maître) est Maître Kyōsō Shigetoshi (京増先生) fils cadet de feu Maître Ōtake Risuke célèbre dans le monde des arts martiaux traditionnels.

À l'heure actuelle, le seul Shibuchō autorisé à diriger les activités de l'école Katori Shintō Ryū en France est Olivier Kabèche (olivier.kabeche@tsksr.fr)

Sensei Iizasa Chōisai Ienao
Sōke Iizasa Yasusada
Shihan Kyōsō Shigetoshi
Shibuchō Olivier Kabèche


Le dōjō central en France

Gymnase Municipal – Allée du parc – 77090 Collégien.

Cours adultes (À partir de 15 ans)
Vendredi 19h – 21h30


Notes

  1. Même si cette tradition est complexe, les bienfaits de la pratique se font ressentir assez vite chez ceux qui s'appliquent et persévèrent, même sur une courte période. Parmi ceux-ci, on ne citera que l'amélioration de la concentration, le contrôle de soi et la vivacité.

  2. En dehors du Japon, il n'est pas nécessaire de prendre le keppan pour commencer à pratiquer. Auparavant le candidat s'incisait lui-même le doigt avec un couteau pour le signer. Aujourd'hui, on utilise une aiguille stérilisée.

  3. Le serment comprend 4 points expliqués ci-dessous. Comme vous pouvez l'imaginer, une certaine tolérance s'est installée au cours des âges.

    • Ne rien révéler de ce qui concerne l'école : dès son origine l'école a maintenu le plus grand secret sur son contenu. Au fil du temps, en particulier ces dernières décennies avec l'apparition d'Internet, nombre d'informations sur le contenu basique ont fuité. Seuls les enseignements supérieurs restent encore inconnus des profanes.
    • Ne pas montrer les techniques de l'école : au temps des samouraïs, dévoiler les techniques signifiait mettre en danger les membres de l'école ou du clan associé.
    • Ne pas s'adonner aux jeux d'argent ni fréquenter les endroits à la réputation douteuse : dans le Japon ancestral (comme aujourd'hui sans aucun doute), les maisons de jeux et les maisons closes étaient tenues par les yakuzas ce qui risquait d'inféoder les samouraïs fréquentant ces lieux à leurs tenanciers.
    • Ne pas faire de duel sans permission : les duels étaient monnaie courante dans le Japon féodal et le fondateur ne les appréciait guère, même s'il ne pouvait les empêcher.

  4. Le bouddhisme Shingon est une des branches du bouddhisme ésotérique (Mikkyō) au Japon, fondée au IXème siècle par le révérend Kūkai (Kōbō Daishi de son nom posthume) sur le mont Kōyasan (高野山).

  5. Il s'agit d'un jeu de mot sur les idéogrammes. L'art de la guerre (heihō 兵法) a un homonyme qui signifie l'art de la paix (heihō 平法).

    Il convient ici de faire une mise en perspective historique et géographique afin de mieux cerner la psychologie du fondateur. Originaire de la province de Chiba et appartenant au clan éponyme dont il assistera à la destruction, le fondateur vivait pendant une période charnière (période Muromachi, 1333-1573) marquée par des révoltes qui finiront en une guerre civile ne prenant fin qu'à la période Edo (1600).

  6. Situé dans la préfecture de Chiba, le Katori Jingū compte parmi les sanctuaires les plus importants du Japon avec le Kashima Jingū et Ise Jingū. D'ordinaire les sanctuaires Shintō ont le titre de Jinja (神社) sauf quelques-uns dont les trois précédemment cités, portant le titre honorifique de Jingū (神宮).

    L'école (ryū) est historiquement liée au sanctuaire, et son nom est composé de : Ten pour le Ciel, Shin pour l'Esprit, Shōden pour la transmission, avec le nom du sanctuaire (Katori) ainsi que la religion ancestrale (Shintō) nippone.

  7. La grande divinité Marishiten a eu son heure de gloire de la période Kamakura (1185-1333) jusqu'à la période Edo (1600-1868) avant de tomber en désuétude. Il subsiste peu de temples disposant de son effigie ou lui vouant un culte. Parmi ceux-ci nous ne citerons que le Tokudaiji (徳大寺) à Tōkyō, proche de Ueno Station.

    Plusieurs traditions martiales comme le Nen Ryū ou le Shinkage Ryū disposent de rituels ou prières spécifiques à l'instar du Katori Shintō Ryū. Le lecteur intéressé est renvoyé à l'excellent livre en anglais de David A. Hall, "The Buddhist Goddess Marishiten" aux éditions GLOBAL ORIENTAL (ISBN 978-90-04-25010-9).

  8. Cette fête annuelle du sanctuaire Shintō de Katori est considérée comme majeure une fois tous les douze ans, durant l'année du Cheval selon le zodiaque chinois, ce qui était le cas en 2002.

    Durant ce festival, la représentation de la divinité Futsu-Nushi-no-Kami est sortie du sanctuaire pour être promenée de village en village trois jours durant, incluant la ville pittoresque de Sawara (佐原) en longeant les berges du fleuve Tone-gawa (利根川).

    La berge sud de ce fleuve est, selon la légende locale, le lieu d'appontage de Futsu-Nushi-no-Kami et Take-Mika-Zuchi-no-Kami lorsqu'ils furent envoyés sur terre pour faire régner l'ordre. Le Tsunomiya Otorii (津宮鳥居) en marque l'emplacement supposé exact.

  9. L'école a accepté des étrangers avant cette date (1998) mais ils étaient admis au compte-goutte et généralement sur recommandation. Nombreux furent les candidats, et peu furent ceux acceptés. Parmi ces quelques-uns nous citerons Donn F. Draeger et Phil Relnick son successeur, ainsi que Michel Coquet pour la France.